Fin du mois de
janvier, alors que notre premier volontariat tournait au vinaigre,
nous nous sommes empressés de trouver une alternative. Il fallait
prolonger notre séjour au chaud car il n’était pas question de
traverser les hauts plateaux turcs à vélo sous les giboulées. La
côte méditerranéenne de la Turquie nous semblait donc l’endroit
idéal pour se poser. La Turquie n’étant pas affiliée au réseau
woofing, nous devions trouver une autre solution.
Heureusement,
Arianne, notre coloc-woofeuse nous a fait connaître le site internet
« workaway », une plate-forme regroupant les annonces de
volontariat du monde entier. Après un tri sélectif parmi plus de
300 lieux rien que dans la région, nous contactons rapidement Çem
(prononcez Jame), un fermier qui possède plus de ruches qu’il n’a
de doigts. En séminaire en Europe au mois de février, il ne pourra
pas nous accueillir mais nous redirige vers Buket, (nous le saurons
après, son ex-femme), une entrepreneuse qui a décidé de créer ses
propres fromages. La communication avec elle est rapide et efficace,
en moins de 24h, c’est décidé : durant un mois, nous
l’aiderons à créer un potager en échange du gîte et du
couvert !
Pour atteindre la
ferme, rien de plus facile, il suffit de grimper 700m de dénivelés
en 7km. Faite le calcul, oui ça grime sec ! A mi chemin, nous
nous arrêtons devant les ruines de Tlos (site pré-classé à
l’UNESCO), une ancienne ville de la Lycie, une région anatolienne.
Nous arrivons
transpirant chez notre hôte. Après 3 jours de sueur, la douche
s’impose ! La maison, tout en bois et construite à la main
impressionne par sa grandeur. Notre chambre est tout confort, ça
commence bien!
Nous faisons aussi
la connaissance d’autres occupants : Kobilay, un ancien barman
qui se remet au vert et qui vient donner un coup de main pour 3 mois.
Ensuite Bushra et Fahrad, un jeune couple, accompagné de leur petite
fille de deux ans, Luly. Syriens, ils ont quitté leur pays en guerre
et travaillent à la chèvrerie depuis 7 mois. Le mari va faire
brouter quotidiennement les biquettes dans les montagnes. Quant à
Bushra, la fée du logis et des fourneaux, elle nous fait goûter de
délicieux mets du Moyen-Orient.
La production de
fromages de chèvre et de vache, au sous-sol de la maison, reste la
principale activité. A côté de cela, Buket vend aussi du miel de
cèdre, des figues séchées, du tahini (de la pâte de
sésame), du pekmez (de la mélasse de raisins et de
grenades), de la confiture de caroube, de la gelée de piment, etc.
Pourtant, rien ne la
prédestinait à devenir bergère. Stambouliote d’origine, un
diplôme universitaire en poche et directrice de sa propre agence de
commerce, elle décide de tout plaquer. Elle fuit la vacarme de la
capitale et choisi le grand air. Elle s’installe ici au milieu des
champs, à 750m d’altitude.
Rapidement, elle
tombe sous le charme des cabris (jeune chèvre) qu’elle voit passer
tous les jours sous sa fenêtre. Elle décide de faire son premier
achat, Sultan, une chèvre laitière qui est désormais la doyenne de
la chèvrerie. D’autres s’en suivent et elle se rend vite compte
qu’elle a trop de lait pour faire du yaourt.
Elle entame alors un
tour d’Europe et prend des cours pour faire son propre fromage. La
tête pleine d’idées, elle réalise ses premiers crus : le
Tangotin (crottin de Tangala) et le Tangazola (oui vous le devinez,
un délicieux Gorgonzola).
Neuf ans plus tard,
ses fromages s’invitent sur la table de grands restaurants et
s’exportent dans les quatre coins de la Turquie. Ses projets se
multiplient et se diversifient. Maintenant que la construction de ses
deux maisons est achevée (oui deux !), elle souhaite passer à
autre chose. Comme elle le dit si bien : « Le fromage,
parfois y en a marre ! ».
C’est là qu’on
rentre en scène, elle a besoin de mains-fortes pour élaborer un
potager !
Quelles belles rencontres! De beaux échanges, du partage, de la convivialité, une merveilleuse parenthèse dans votre périple on dirait... Ça fait bien plaisir! Le fromage semble fabuleux, gavez vous pour nous!
RépondreSupprimerLes enfants sont impatients que le facteur passe par chez Buket( si toutefois il a d'assez bons mollets...) ils ont fait celà avec amour!
Ressourcez vous bien! Bisous de nous 4.
Avec un peu de chance le facteur trouvera rapidement le chemin de la ferme! En tous cas merci aux loulous. Nous vous embrassons bien fort et on ne manque pas de manger plein de fromage.
SupprimerC'est le reportage le plus génial que vous avez fait depuis votre départ. Tout est beau et donne envie... vraiment. Et en plus c'est en Turquie! Comme quoi, les préjugés sont faits pour être contredits et démentis... Allez, c'est décidé, à la présidentielle je vote Lolie et Fifi. C'est vous qui détenez la vérité. Il est où le bonheur, il est là, dans vos mollets.
RépondreSupprimerAucun doute, nous sommes au bon endroit pour une immersion en pleine Turquie. Rien de tel pour démarrer notre périple en Asie. Je t'embrasse fort.
SupprimerEn fins gastronomes que vous êtes, cette pause est faite pour vous.
RépondreSupprimerVous allez déguster de bons produits de qualité.
On en vend en Belgique?
Evidemment, vous devrez bosser.....après les jambes, les bras (pour bêcher)...il faut bien que le corps s'équilibre.
Courage à vous deux et encore merci pour tous vos reportages.
C'est sûr. Nos jambes se reposent mais au détriment de nos bras! Heureusement, nous sommes nourris comme des rois. Crois le ou non, nous n'avons pas encore mangé de kebab ou dorüm. La nourriture turque est bien plus appétissante et équilibrée qu'on nous le fait croire.
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